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Touriga Nacional : La reine qui n'a jamais régné à Trás-os-Montes

Ah, la Touriga Nacional ! Cette icône de la viticulture portugaise est célébrée comme un joyau rare de nos vins, omniprésente dans les discours des vignerons, sommeliers et bureaucrates qui rédigent les réglementations du secteur. Le cépage autochtone par excellence, dit-on. On insiste sur ses racines profondes dans notre tradition. Mais il y a un petit détail : à Trás-os-Montes, cette soi-disant reine n’a jamais eu de trône.


Et comment le sais-je ? Simple. Après avoir rendu visite à des producteurs qui ont grandi dans le monde du vin – des gens qui ont hérité de vignobles de leurs grands-parents, qui ont foulé le raisin dans des lagares de pierre depuis leur enfance et qui ont toujours bu ce que la terre leur donnait, sans suivre les tendances ni chercher d’approbations extérieures –, un schéma m’est apparu : dans ces vieilles vignes, où les cépages s’entrelacent comme un organisme vivant, la Touriga Nacional est tout simplement absente. Pas un seul pied de vigne.



Étrange, n’est-ce pas ?

Dans cette terre rude, avec ses terrasses et ses pentes escarpées, où chaque village produisait son propre vin à partir d’un mélange de cépages rouges et blancs poussant côte à côte, la Touriga Nacional n’a jamais fait partie de l’équation. Et pourtant, en regardant les réglementations modernes, on la voit imposée comme si elle avait toujours été l’épine dorsale des vins de Trás-os-Montes.

Mais regardons les faits : Trás-os-Montes avait un modèle viticole qui fonctionnait. Des vignobles denses et mélangés, où la diversité des cépages assurait naturellement l’équilibre et la longévité du vin. La vinification se faisait dans la vigne, pas dans la cave. Puis sont arrivés les fonds européens, les incitations à la replantation, les vignobles ordonnés et palissés, les cépages standardisés. Soudain, de la Touriga Nacional partout, comme si cela avait toujours été ainsi.

Mais pourquoi ? Eh bien, parce que c’était pratique. La Touriga Nacional est résistante, productive et réagit bien aux traitements viticoles. Elle donne des vins structurés, puissants, avec un grand potentiel de vieillissement. Parfait pour le marché moderne, mais bien loin du profil des vins que nos ancêtres produisaient et buvaient. L’ancienne pratique de mélanger cépages rouges et blancs dans le vignoble, qui conférait aux vins de Trás-os-Montes fraîcheur et équilibre naturel, a été rejetée comme une erreur – alors qu’en réalité, c’était sa plus grande force.


Et les anciens vignerons, ceux qui ont toujours fait du vin à partir de leurs propres vignes, remarquent immédiatement la différence. Avec un sourire entendu, ils me disent que ces versions modernes « peignent beaucoup ». Et c’est vrai – pleines de tannins, rugueuses dans leur jeunesse, elles mettent des années à apprivoiser leur fougue. Rien à voir avec les Bastardos qu’ils ont toujours connus – des raisins aux tannins plus souples, qui apportaient un équilibre naturel au vin sans le transformer en bombe surextraite. Ils n’avaient pas besoin d’attendre des années pour que leur vin s’adoucisse ; leurs vignes assuraient déjà l’harmonie parfaite.


Et lorsqu’un vin « Vinhas Velhas » contient de la Touriga Nacional dans son assemblage, je ne peux m’empêcher de poser la question : de quels vieux vignobles parle-t-on ? Des vignobles historiques, enracinés dans le temps et la tradition ? Ou seulement vieux sur le papier, mais récents dans leur conception ? Car ces Tourigas, omniprésentes dans les cuvées d’aujourd’hui, ne proviennent ni de souches centenaires disséminées ni de ces anciens vignobles qui portent en eux l’héritage des générations. Ce sont certes des « vieilles vignes », mais prématurément vieillies, plantées dans la frénésie des subventions européennes, adaptées à la mécanisation et façonnées pour un profil qui, au fond, n’a jamais été véritablement le nôtre.



Et au milieu de tout cela : où est la législation qui protège le véritable héritage historique de nos vignobles ? Où est le respect pour ce que nos ancêtres ont construit ? C’est la véritable question.


Mais pour ceux qui veulent vraiment goûter à de véritables Vinhas Velhas, le chemin est différent. Oubliez les étiquettes et visitez les villages – parlez aux paysans qui possèdent encore ces vignes, dont beaucoup sont centenaires. Il en existe encore de nombreuses, et certains produisent même d’excellents vins – bien sûr, sans grand contrôle œnologique, mais comme toujours, de manière empirique. Et c’est là que l’on peut parfois encore retrouver le vrai goût de l’histoire, celle que nous préférons oublier.


Et pour ceux qui tiennent aux étiquettes, il faut choisir avec discernement. Car même parmi les vins portant l’appellation Vinhas Velhas, les authentiques restent rares.


Ne vous méprenez pas – j’aime la Touriga Nacional. C’est un cépage noble et expressif, capable de donner naissance à des vins remarquables. Mais ce que j’aime encore plus, c’est boire un véritable Vinhas Velhas, qui raconte l’histoire du vignoble à travers la bouteille. Et c’est cela qu’il faut comprendre : les différences dans le vin doivent refléter les différences dans le vignoble. Si nous voulons de l’authenticité, nous devons respecter ce que la terre nous a donné – et non ce que nous sommes censés y planter…


Texte : Miguel Viana Wines

 
 
 

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